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Communs de proximité et économie contributive


En discussion avec Benjamin Coriat, Professeur Emérite de Sciences Economiques à l’Université Sorbonne Paris Nord, urbanology talk le 6 Mai 2022.


Quand Benjamin Coriat a découvert le concept des communs de connaissance, il ne se doutait pas que ce concept l’accompagnerait toute sa vie. Frappé par ce qu’il appelle “la grande offensive” des années 1980, une vague d’enclosure de la connaissance scientifique, il met en place le programme de recherche PROPICE sur la propriété intellectuelle et les communs de connaissance. Au fil de sa recherche, il découvre que le concept de communs a été appliqué à de nombreuses autres thématiques.


Pour Benjamin Coriat, le lien entre communs et territoire est évident et la ville est le lieu par excellence de (re)construction de communs, de développement de ressources partagées. Il observe depuis les années 1990-2000 ce qu’il appelle le “retour des communs” : la multiplication d’initiatives visant à mettre en commun une ressource partagée et à créer un système de gouvernance de ces ressources hors des mécanismes de marché et de l’Etat.


Pourquoi cette idée des communs est-elle aujourd’hui si forte, si vivante? Selon Benjamin Coriat, cette popularité est liée à deux éléments. D’une part, la désindustrialisation des territoires qui a laissé derrière elle en France une série de territoires ravagés, y compris certaines villes. De nombreuses villes de taille moyenne ont des centres mourants. Il observe aussi qu’après le premier confinement lié au covid, même à Paris, dans certains quartiers, deux boutiques sur trois n’ont pas réouvert. La désindustrialisation va de paire avec le retrait des services publics (transports, poste, services liés à la santé) a contribué à la popularité de l’idée des communs. Vient de la nécessité de reconstituer des espaces d’entraide pour pallier cette double désertification. D’autre part, la crise écologique a fait ressortir cette idée, puisqu’elle souligne la capacité de gérer une ressource de manière collective et durable. Nous sommes à un moment historique où il faut tout repenser : comment habiter la ville et comment habiter le monde.


Quelques exemples racontés par le professeur en économie illustrent bien la puissance de l’idée de communs, qui habite aussi le concept d’espace public. Il parle du tiers-lieu 6b à Seine Saint-Denis : un bâtiment à l’abandon, occupé par des artistes et des artisan.e.s qui ont commencé à faire revivre le lieu et finalement revalorisé tout le quartier. Puis il souligne le caractère subversif des grandes places publiques, en citant l’exemple de la place Tiananmen et le mouvement des places qui a eu lieu dans toute l’Europe et au Maghreb.


Il finit sur deux questions ouvertes:


C’est qu’un espace de vie au temps de la crise écologique?


À quoi ressemblerait un mode de gouvernance basé sur les communs à notre époque?


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